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Gaëlle Cogan,lePetitLittéraire.fr

L'Enfant noir de Camara Laye (Fiche de lecture)

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  • mariavalenzuelahas quoted9 years ago
    DANS L’ENFANT NOIR
    Un tournant dans la tradition culturelle guinéenne
    Avec les poèmes de Keïta Fodeba (écrivain, maitre de ballet et homme politique guinéen, 1921-1969), L’Enfant noir est le premier livre de la littérature guinéenne. Il marque donc l’émergence d’une littérature écrite d’expression française alors qu’auparavant, c’était la tradition orale qui prévalait : il s'agissait « du véhicule du savoir et de la sagesse. »
    Un portrait de la haute Guinée
    À travers le récit d’une enfance, c’est tout un pays, tout un ensemble de coutumes et de traditions que Camara Laye présente au public. L’Enfant noir est un document précieux sur ce qu’était la vie en haute Guinée dans les années 1930 et 1940. On y apprend, entre autres choses, comment s’organisait la vie sur une concession, quels étaient les rites de passage auxquels les adolescents se soumettaient pour entrer dans le monde adulte et quel rôle la femme guinéenne jouait au sein de sa communauté à cette époque.
    Camara espérait peut-être, par son récit, modifier les représentations que se faisait le public français de la vie africaine. À plusieurs reprises, il semble répondre à des images préconçues qu’il tente de nuancer, comme dans ce passage :
    Je sais que cette autorité dont ma mère témoignait, paraitra surprenante ; le plus souvent on imagine dérisoire le rôle de la femme africaine, et il est des contrées en vérité où il est insignifiant, mais l’Afrique est grande, aussi diverse que grande. (p. 73)
  • mariavalenzuelahas quoted9 years ago
    masquées : on sait par exemple que l’oncle Mamadou travaille comme chef comptable dans un établissement français et que Laye a fréquenté l’école française à Kouroussa puis à Conakry, mais les colons eux-mêmes sont complètement absents du roman.
    L’authenticité
    C’est une des difficultés de toute autobiographie. Pour capter la bienveillance du lecteur ou pour bien d’autres raisons, l’auteur peut être amené à donner une image trompeuse de lui-même et de sa communauté. Lorsque Camara écrit son premier roman, il est âgé de vingt-cinq ans, et il étudie et travaille depuis plusieurs années en France. On peut émettre l’hypothèse que la nostalgie de la haute Guinée a encouragé une vision idéalisée de son enfance, ôtant un peu de son authenticité au récit.
    La mémoire
    Il y a un décalage temporel entre le « je » présent, celui de l’auteur et du narrateur, et le « je » passé, celui du personnage du roman, de l’enfant. Deux problèmes peuvent alors se poser :
    d’une part, l’auteur peut ne pas se souvenir de certains évènements ;
    d’autre part, il peut se rappeler des épisodes auxquels, devenu adulte, il ne sait pas s’il doit accorder crédit. Ainsi, lorsque l’auteur se souvient des mystérieux pouvoirs de sa mère, il écrit les mots suivants :
    J’hésite un peu à dire quels étaient ces pouvoirs et je ne veux même pas les décrire tous : je sais qu’on en accueillera le récit avec scepticisme. Moi-même, quand il m’arrive aujourd’hui de me les remémorer, je ne sais plus trop comment je dois les accueillir : ils me paraissent incroyables ; ils sont incroyables ! Pourtant il suffit de me rappeler ce que j’ai vu, ce que mes yeux ont vu. Puis-je récuser le témoignage de mes yeux ? (p. 73)
    FONCTIONS DE L’AUTOBIOGRAPHIE
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