Atala

On voyait dans ses cheveux une fleur de magnolia fanée… celle-là même que j’avais déposée sur le lit de la vierge, pour la rendre féconde.

La tendresse, l’onction, l’inaltérable patience du vieux serviteur de Dieu, vainquirent enfin l’obstination de ma douleur. J’eus honte des larmes que je lui faisais répandre. Mon père, lui dis-je, c’en est trop : que les passions d’un jeune homme ne troublent plus la paix de tes jours.

Comment Chactas n’est-il point encore chrétien ?

Le Sachem aveugle ouvrit son sein, il en tira le crucifix d’Atala. Le voilà s’écria-t-il, ce gage de l’adversité ! Ô René, ô mon fils, tu le vois ; et moi, je ne le vois plus ! Dis-moi, après tant d’années, l’or n’en est-il point altéré ? N’y vois-tu point la trace de mes larmes ? Pourrais-tu reconnaître l’endroit qu’une sainte a touché de ses lèvres ?

Mon père, ce remède rendra-t-il la vie à Atala ? Oui, mon fils, dit le vieillard en tombant dans mes bras, la vie éternelle ! Atala venait d’expirer.

hostie blanche comme la neige, et s’approcha d’Atala, en prononçant des mots mystérieux. Cette sainte avait les yeux levés au ciel, en extase. Toutes ses douleurs parurent suspendues, toute sa vie se rassembla sur sa bouche ; ses lèvres s’entrouvrirent, et vinrent avec respect chercher le Dieu caché sous le pain mystique.

Navré de douleur, je promis à Atala d’embrasser un jour la religion chrétienne.

Si tu m’as aimée, fais-toi instruire dans la religion chrétienne, qui préparera notre réunion.

Reçois donc de moi cet héritage, ô mon frère, conserve-le en mémoire de mes malheurs

je préférerais encore le bonheur de vous avoir aimé quelques instants dans un exil infortuné, à toute une vie de repos dans ma patrie.